DÉBUTER UNE COLLECTION D’ART
A l’occasion de ce guide, 9 galeries d’art contemporain ont accepté de
prodiguer des conseils aux nouvelles générations de collectionneurs.
Voici leurs recommandations pour débuter une collection d’art
ou de photographies d'art
AVANT PROPOS ( Par Marc DEVILLE, photographe d'art et d'essais, réalisateur)
-
Avoir de l’audace
En 1991 je répondais ceci à un journaliste qui m’interrogeait sur le vaste fait d'être artiste.
Aline
Vidal - Galerie Aline Vidal
“ Pour
débuter une collection:
-
Etre curieux
-
Avoir de l’audace
-
Pousser les portes des galeries. Chercher celle(s) qui vous convient.
Avoir
confiance.
-
Trouver votre guide
-
Se fixer un budget
-
Se méfier des modes. Ne pas avoir peur du regard des autres.
-
Acheter avec ses yeux et non avec ses oreilles.
Catherine
Issert - Galerie Catherine Issert
“ Se
faire confiance pourrait être, tout simplement, le premier
atout d’un jeune
collectionneur.
Commencer
par faire preuve d’une totale liberté de jugement,
essentielle à l’acquisition
d’une
oeuvre d’art.
C’est
dans l’élaboration de sa collection que le jeune
collectionneur questionnera et
approfondira
les raisons de ses choix.
En
fait, faire une collection c’est construire un rapport entre soi et
le monde qui
suppose,
de part et d’autre, une réflexion authentique et sans
tromperie.
Adam
Sheffer - Cheim & Read
“ C’est
un procédé organique qui n’a pas de point de départ
précis,
dans
lequel on ne se lance pas comme on achète des chaussures.
L’expérience
montre que les meilleures collections s’imposent dans un
murmure
et non avec fracas.
Patrice
Cotensin - Galerie Lelong
“
L’estampe
contemporaine est un excellent moyen de commencer
une
collection d’oeuvres d’artistes renommés à prix
abordables. A
la
galerie Lelong à Paris, on trouve par exemple de petites
lithographies
d’Alechinsky
dès 250 €.
Mais
lithographies et gravures ne doivent pas représenter une
solution
«au
rabais» : l’artiste choisit souvent la technique de l’estampe
pour
ses qualités plastiques propres. C’est le cas du sculpteur
espagnol
Eduardo Chillida, qui découpait le cuivre de ses gravures
comme l’acier
de
ses sculptures, ou de David Nash qui produit ses pochoirs dans son
atelier du Pays
de
Galles.
L’estampe
est en constante évolution, elle est sans cesse renouvelée
dans ses techniques
(l’estampe
numérique a ainsi fait de grands progrès ces dernières
années) comme dans
son
esthétique : ainsi l’artiste américaine Kiki Smith
accorde une place importante
au
principe du clone et du multiple dans son oeuvre.
Jean-François
Jaeger - Galerie Jeanne Bucher
“ Votre
collection révèle votre portrait, en amateur avisé
ou en spéculateur.
Le
poète Bernard Noël nous dit : «Le tableau vient
penser dans les yeux qui l’aiment
ce
dont l’acte de peindre l’a chargé». L’épaisseur
du dialogue avec l’oeuvre s’établit
mieux
dans le silence d’une galerie que dans l’agitation des ventes
publiques ou des
foires.
La fréquentation des initiés et surtout des artistes
propose des rencontres efficaces
pour
passer du choc superficiel à la charge poétique et
spirituelle; pour dépasser
le
niveau de la satisfaction, esthétique ou sentimentale, à
une connaissance plus
approfondie
de l’esprit humain.
Pour
se remettre en question…
« Un artiste est un agitateur de neurones : Avec des cubes et des cylindres Picasso représentait en deux dimensions toutes les faces d’un visage en trois dimensions. Dali avec son "Paranoïaque-critique", peignait les images récurrentes de son sub-conscient . Renoir exprimait son amour sensuel de la vie en libérant la couleur de sa dépendance du dessin . Fragonnard peignait en 1772 toutes les nuances du sentiment amoureux dans ses œuvre sensuelles, gracieuses, enjouées et toujours pleines d'esprit. Tandis que Ben en 1961 crachait sur une toile vierge « En tant qu’œuvre d’art». Et Marina Abramovic, en 1972, dans une démarche artistique contemporaine sur les limites humaine, physiques et morales, échange avec son compagnon des paires de gifles jusqu'à l'insupportable. Tous ces artistes comme bien d'autres, n’ont jamais voulu monter ce qui plaisait au public mais ont plutôt présenté ce qui «pourrait» bien plaire,intensément, ou faire réagir le public... Quitte à mettre ses nerfs à vif. »
« Donc par un ensemble de savoir, de moyens et de méthodes dirigées vers une fin, les artistes, grâce à leur état d’esprit ont souvent bouleversé la vision conventionnelle d'un tas de choses . Ils ont animé des débats parfois virulents sur le sens ou le but de leurs artifices . Ils se sont fait bannir ou adorer du spectateur, toujours avec beaucoup d’émotions. C'est aussi à ce titre, qu'un grand nombre œuvres ont attiré les collectionneurs.
Et puis certains auteurs ont exposé toute leur vie le même « tire-bouchon »,pendant que d'autres plus rarement , ont varié leurs recherches au risque d'abandonner parfois, l'état d'esprit originel qui plaisait à leurs fan's » .
L'oeuvre forte
Une œuvre forte a mon sens brille par une multitude de facettes qui s'éclairent avec le temps. Comme les couleurs de la mer au fil de la journée , le travail de l'artiste s'aborde par le spectateur, avec une prise de conscience, une appréhension changeante, au fur et à mesure de ses connaissances accumulées , de sa curiosité, ses joies, ses blessures,tout celà s'exprimant dans le frémissement d'une sensibilité vive et neuve à la fois. Il est donc des moments exceptionnels dans la vie d'un collectionneur où l' œuvre de l'artiste devient une prolongation de ses sens pour celui qui la possède correctement.
Dépasser les intentions de l'auteur
En 1913 le père de l'art contemporain Marcel Duchamps expliquait: « Désormais, c'est le spectateur qui fait l' œuvre ». Alors parfois même, ces amateurs d'art, par plaisir intellectuel, vont jusqu'à dépasser les intentions de l'auteur en imaginant par exemple -à bien y réfléchir- que tel détail dans l'oeuvre, pourrait déboucher sur une métaphysique très originale, repoussant beaucoup plus loin l'idée du créateur.
Un collectionneur d'art vit l'expression plastique comme une jouissance.
Jérôme
de Noirmont - Galerie Jérôme de Noirmont
“ Une collection, c’est le plus souvent réunir une quantité d’oeuvres,
d’une même période, d’un même artiste, ou d’un même sujet.
C’est pourquoi on ne peut pas s’improviser collectionneur mais on
le devient.
Alors, me direz-vous, comment acquérir des oeuvres ?
D’abord se laisser aller sur le terrain où l’on est le plus sensible
(époque, style, artiste), aller voir régulièrement des expositions
monographiques dans le monde entier, les biennales, les foires et
surtout pousser les portes des galeries qui sont toujours heureuses
de faire partager et transmettre leur passion. Il faut s’entourer de
conseils de professionnels reconnus.
L’essentiel n’est pas d’acheter avec ses oreilles mais avec ses yeux et son coeur. C’est
vous qui vivrez avec votre acquisition et mieux vaut en être comblé.
L’acquisition d’une oeuvre d’art c’est aussi un sacrifice, quels que soient ses moyens.
Le plus grand bénéfice est le plaisir des yeux et de l’esprit, surtout quand la collection
a un sens.
Kamel Mennour – Galerie Kamel Mennour
“ Je dirais à toute personne souhaitant débuter une collection
d’écouter sa sensibilité, d’acheter avec son coeur.
Ce qui me fait plaisir, c’est de voir grandir de jeunes collectionneurs
qui ont acquis leur première pièce à la galerie et qui continuent
à prospérer au fil des ans dans la mise en place de leur
collection.
Nathalie Obadia - Galerie Nathalie Obadia
“ Tout d’abord pour commencer à collectionner, il est important
de s’informer, lire les revues d’art françaises et internationales,
visiter les musées, les galeries, régulièrement.
Il est préférable d’acheter au début exclusivement dans les galeries
où il y a toujours des « conseillers », un temps de réflexion permis,
la possibilité de s’entendre sur les paiements.
Ensuite, si on connaît exactement les règles des ventes aux enchères,
si on sait exactement ce que l’on recherche où que l’on a eu toutes les informations
sur des oeuvres que l’on ne connaît pas, là on peut acheter en vente.
Il faut toujours se poser la question suivante: pourquoi cet artiste me plaît? Se poser
la question sur son parcours artistique et sur son prix.
Le principal étant de ne pas acheter des «coups de coeur», ni d’acheter avec ses
«oreilles» mais en s’informant. On s’aperçoit que le goût et la connaissance se rejoignent
Anne-Claudie Coric - Galerie Daniel Templon
“ 1. Définir un budget annuel. On peut commencer une collection
très intéressante en y consacrant simplement 3 000 à 5 000€
par an.
2. Développer une relation avec deux ou trois galeristes dont on
aime le programme et la vision, puis développer avec eux une relation
de confiance pour qu’ils vous aident à cerner vos goûts et vos orientations.
Il vaut mieux laisser les ventes aux enchères aux collectionneurs
aguerris qui connaissent déjà bien les artistes, leur cote et le marché.
Les galeristes qui représentent des artistes ont tout intérêt à aider le
collectionneur débutant. Contrairement aux maisons de ventes ou à
des marchands du second marché, nous travaillons sur le long terme avec les artistes
et les collectionneurs. Nous développons des relations sur plusieurs années. Il
faut que cinq ans ou dix ans après une vente, on puisse toujours justifier auprès du
collectionneur qu’il a fait un bon choix. C’est à cela que nous réfléchissons quand
nous choisissons nos artistes. A nos collectionneurs qui ont fait confiance à la galerie
templon il y a 20 ans pour acheter Flavin ou Warhol par exemple, il faut que l’on
présente des artistes dont on pense qu’ils ont le même potentiel.
3. Lire et faire des recherches sur les artistes que l’on aime: les critiques des expositions,
sa cote, ses galeries à l’étranger. Là encore ne pas hésiter à demander aux galeristes
des informations les plus complètes possibles, de la presse ou des catalogues.
Internet est également une excellente source d’information.
Déplacements... ( sources infos: FRAC Franche-Comté)
Cette exposition regroupe une sélection d'oeuvres (sculptures, installations, photographies et vidéos) parmi les acquisitions récentes du FRAC Franche-Comté, dans lesquelles la notion de déplacement est mise en jeu au regard de diverses temporalités. Passé, présent et avenir sont constamment sollicités et souvent entremêlés dans des trames formelles et fictionnelles prenant le réel et son expérience comme matériaux premiers.
Témoignant de l'indissociable trio corps-espace-temps, ces oeuvres en questionnent les relations et leur donnent forme. Dans des perspectives décalées, les artistes convoquent à la fois le sublime et le dérisoire, le simple et le complexe, le rêve et la réalité pour aborder le déplacement sous ses multiples formes (physiques, mémorielles, symboliques). Lieux et événements constituent les points d'ancrage de leur démarche et définissent les cadres de leurs mises en scène, dans lesquelles ils figurent parfois, en protagonistes fragiles et humbles. Déplacements des corps dans le réel pour un déplacement du regard dans l'imaginaire: autant de trajets et de directions inscrivant la singularité des positionnements et des points de vue.
Si dans les oeuvres de Stéphane Benault, Alain Bublex, Vincent Lamouroux & Raphaël Zarka, la présence de véhicules renvoie au voyage ou à la mobilité, ce n'est plus en vue d'une activation fonctionnelle.
Apparaissant comme des vestiges du mobile, ils semblent s'être transformés en structures pour le souvenir ou le fantasme, faisant ainsi écho aux intensités immobiles de Gilles Deleuze. Seuls les documents (plans, schémas ou vidéos) attestent de leurs traversées dans des paysges ou des territoires porteurs d'histoire(s). Bicyclette, voiture et pentacycle se posent ainsi en témoins d'expériences passées et en supports de projection pour une vision en actes.
DéplacementsDéplacements
Cette exposition regroupe une sélection d'oeuvres (sculptures, installations, photographies et vidéos) parmi les acquisitions récentes du FRAC Franche-Comté, dans lesquelles la notion de déplacement est mise en jeu au regard de diverses temporalités. Passé, présent et avenir sont constamment sollicités et souvent entremêlés dans des trames formelles et fictionnelles prenant le réel et son expérience comme matériaux premiers.
Témoignant de l'indissociable trio corps-espace-temps, ces oeuvres en questionnent les relations et leur donnent forme. Dans des perspectives décalées, les artistes convoquent à la fois le sublime et le dérisoire, le simple et le complexe, le rêve et la réalité pour aborder le déplacement sous ses multiples formes (physiques, mémorielles, symboliques). Lieux et événements constituent les points d'ancrage de leur démarche et définissent les cadres de leurs mises en scène, dans lesquelles ils figurent parfois, en protagonistes fragiles et humbles. Déplacements des corps dans le réel pour un déplacement du regard dans l'imaginaire: autant de trajets et de directions inscrivant la singularité des positionnements et des points de vue.
Si dans les oeuvres de Stéphane Benault, Alain Bublex, Vincent Lamouroux & Raphaël Zarka, la présence de véhicules renvoie au voyage ou à la mobilité, ce n'est plus en vue d'une activation fonctionnelle.
Apparaissant comme des vestiges du mobile, ils semblent s'être transformés en structures pour le souvenir ou le fantasme, faisant ainsi écho aux intensités immobiles de Gilles Deleuze. Seuls les documents (plans, schémas ou vidéos) attestent de leurs traversées dans des paysges ou des territoires porteurs d'histoire(s). Bicyclette, voiture et pentacycle se posent ainsi en témoins d'expériences passées et en supports de projection pour une vision en actes.
La question du territoire rejoint celle de l'identité et de la tentative de reconstitution d'un récit dans les vidéos de Maja Bajevic et Emanuel Licha et de Sebastian Diaz Morales.
Maja Bajevic incarne la figure de l'absence - absence de l'architecture, absence des habitants - en foulant un sol dont la surfance lisse et monochrome devient le support d'une reconquête mentale. Dans le film de Diaz Morales, le spectateur se retrouve plongé dans une narration complexe autour d'une ville sans nom et d'un homme aux souvenirs flous. Le flux des images qui se mêlent à la voix ne fait qu'accentuer le mystère d'un voyage improbable relaté par bribes. C'est aussi à un voyage invraisemblable que nous convie Hans Schabus à travers une série photographique mêlant l'ambition à l'ironie pour une expédition tout à la fois incongrue et poétique, menée par un anti-héros. Les images capturées par Simon Faithfull lors d'un voyage en mer se constituent en tableaux subtils dont la fixité du point de vue et les infinies variations lumineuses invitent à la contemplation.
Dans ses oeuvres, Stéphane Benault propose des fragments de réel qui portent l'empreinte du contact entre corps et paysage. Images, sculptures, et installations traduisent des gestes, des postures qui font environnement.
Enfin, chez Gianni Motti, c'est le temps lui-même qui est l'acteur principal d'un mouvement programmé, précis et insaisissable, hors échelle humaine.
Informations pratiques:
Le 10neuf, Centre régional d'art contemporain
19, avenue des alliés
25200 Montbéliard
tél: 03 81 94 43 58